Un rebond spectaculaire
Les conditions climatiques de 2024 ont été favorables au développement du mildiou. Le marché des fongicides pommes de terre a ainsi progressé pour la deuxième année consécutive. Les résistances continuant à se développer, les matières actives doivent être associées et les modes d’action alternés.
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Le marché des fongicides pommes de terre a bondi en 2024 du fait d’une forte pression du mildiou entretenue durant toute la campagne par les pluies incessantes. La maladie est apparue tôt en saison, si bien qu’en moyenne 12,8 applications ont été réalisées contre 9,6 en 2023 et 7 en 2022, année à faible pression. « Nous revenons sur le niveau 2021 », indique Johanny Guinaudeau, chez FMC.
Si les surfaces emblavées ont progressé de 2 % en 2024 à environ 205 000 ha, les surfaces déployées ont, elles, bondi à 3,1 Mha contre 2,2 Mha l’année précédente (+ 41 %) et 1,5 Mha en 2022. Logiquement, la dépense moyenne est passée de 289 €/ha traité à 418 €/ha en 2024. Le nombre de produits par passage atteint 1,18 (1,12 en 2023) et le nombre de produits par hectare traité grimpe à 15,1 en 2024 contre 10,7 l’année précédente. Dans ce contexte, en valeur, les ventes aux agriculteurs ont atteint 85 M€ contre 58 M€ en 2023, soit une augmentation de 46 % ! La majorité du marché concerne les antimildiou, seuls 2 à 3 % représentent les traitements contre l’alternaria. En 2025, les ventes devraient se consolider à la faveur d’une hausse attendue des surfaces pour répondre à une demande en progression, notamment en pommes de terre d’industrie.
Arrêt du dimétomorphe
La cyazofamide (qui compose le Ranman Top, par exemple) reste la matière active la plus utilisée avec 800 000 ha déployés en 2024, devant le propamocarbe à 530 000 ha (contenu dans l’Infinito de Bayer), le mandipropamide (Rêvus et Rêvus Top de Syngenta) à 530 000 ha également, le cymoxanil (500 000 ha), l’amisulbrom (380 000 ha) et le fluazinam (350 000 ha). Avec Tizca, FMC est leader sur le marché du fluazinam solo avec plus de 40 % des ventes (250 000 ha). Il propose aussi cette matière active associée à une azoxystrobine, avec Vendetta/Traban. « Ce produit peut prétendre à venir compenser l’arrêt du dimétomorphe », estime Johanny Guinaudeau. Les solutions à base de cette molécule ne peuvent en effet plus être utilisées à partir de 2025. La matière active, de la famille des CAA (carboxylic acid amides), a fait l’objet d’un retrait sec en novembre 2024, sans délai de grâce. Exit donc les spécialités comme Zampro Max et Optimo Tech de Syngenta. Par ailleurs, « 15 % des surfaces de pommes de terre ont été traitées avec le fongicide de biocontrôle Pygmalion grâce à son intérêt en curatif, explique Marie Aubelé, chez De Sangosse. Deux fois plus qu’en 2023. C’est le seul multisite en fongicide pommes de terre, il est donc voué à prendre de l’importance dans le contexte de hausse des résistances. » L’objectif est d’atteindre 200 000 ha traités avec Pygmalion d’ici deux ans.
Progression des résistances
Même si elles restent faibles par rapport aux pays voisins comme la Belgique et les Pays-Bas, les résistances aux souches de mildiou ont évolué en 2024, notamment la 43_A1, résistante à la famille des CAA, qui représente désormais 11 % des cas en 2024 par rapport à l’ensemble des souches prélevées, contre 5 % en 2023 et 0 en 2022. Afin de pouvoir conserver les produits existants, il est donc conseillé de continuer à associer les matières actives et alterner les modes d’action afin de maîtriser les populations de mildiou résistantes.
Certis Belchim leader
Certis Belchim maintient sa place de leader avec 34 % de parts de marché en hectares. Son produit phare, Ranman Top, a été appliqué sur 760 000 ha. Elle devance Syngenta (16,9 %), qui recule de 6 points avec Rêvus. Ce dernier agit surtout en début de cycle, or les produits curatifs ont été davantage utilisés, et il est concerné par les phénomènes de résistance. Viennent ensuite Bayer CropScience (10,6 %), Corteva (10 %), BASF (5 %), FMC (4,1 %), De Sangosse (2 %), Adama (0,6 %), Gowan, UPL et Philagro, qui ne commercialisera plus de fongicides foliaires en 2025.
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